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Il était une fois un homme appelé Jil Goulven qui vivait seul dans une chaumière, au début du siècle.

Cet homme au regard triste et au visage meurtri par le poids des années portait toujours une longue cape noire et un grand chapeau. Il vivait au cœur de la forêt de Lanvaux qu’on appelait au 12ème siècle la forêt de « Lanvas ». Jil Goulven aimait vivre dans cette petite commune créée en 1833. Il se promenait souvent sur les chemins bordant le magnifique parc du château qui faisait la fierté de ses habitants. Sa passion principale consistait à vivre parmi les animaux. Il passait beaucoup de temps à découvrir la faune et la flore. Sa passion était tellement grande qu’il montait souvent aux arbres pour admirer la nature. Pour subvenir à ses besoins, il devait choisir un métier qui puisse lui rapporter de l’argent. Grâce à sa passion pour les animaux de la forêt, il décida de les représenter en les sculptant dans la pierre et le bois. Mais les habitants de la commune le prenaient pour un personnage étrange et surtout bien différent des autres. De plus, ils hésitaient à laisser se promener ou jouer leurs enfants aux environs du château et de la demeure du vieil homme, de peur que ce dernier ne leur fasse du mal. Pour tout le monde, Jil Goulven était un personnage dont il fallait se méfier. Et pourtant ses sculptures méritaient beaucoup d’attention et son comportement vis à vis de la population semblait normal. Mais un jour, quelques habitants de Trédion, pour qui la présence du vieil homme devenait indésirable, décidèrent de chasser l’artiste de la forêt dans une commune voisine. Pour être sûr qu’il ne revienne plus, on l’enleva lors d’une soirée d’hiver froide et obscure. Gregor de Callac, le têtu du village, et Alan, son fils, lui bandèrent les yeux, la bouche et les poignets. Ces deux hommes le transportèrent tout d’abord dans une vieille charrette. Ils l’enfermèrent ensuite dans les oubliettes d’un manoir abandonné, sur un chemin menant à Elven, à la sortie du village de « La Ville-Pierre ».

Soudain, dans le noir, un cri perçant le fit sursauter. C’était un vieil homme tapi dans un coin qui reprenait espoir avec l’arrivée de Jil Goulven. Peut-être lui serait-il d’une grande aide ? A deux, ils seraient plus forts. Le vieillard dénoua les liens de Jil. Alors, ils firent connaissance et Jil fit part à son nouvel ami de sa passion pour la sculpture des animaux. Tout à coup, une idée brilla dans les yeux de l’ancien. - « Tes animaux pourraient venir à notre secours ? Toi qui les as tant honorés, ils pourraient te rendre la pareille : souviens-toi des lièvres majestueux qui accueillent fièrement les visiteurs à l’entrée de la forteresse de Largoët. » - « Bonne idée ! Je vais siffler trois fois par delà les forêts de Lanvas et le plus rapide de mes lièvres accourra nous délivrer. » Quelques instants plus tard, le lièvre essoufflé apparut à la petite lucarne du manoir. A la fois attentif et ému, il écouta les instructions de son maître. A l’aide de ses dents tranchantes, il rongea avec acharnement les barreaux qui faisaient prisonniers Jil et son compagnon. Une deuxième épreuve attendait le lièvre : il devait trouver une corde dans les étables alentours. A quelques mètres de là, il trouva une corde robuste. Il la fit descendre le long du mur par la petite fenêtre. Il s’arma de force pour tirer vers la liberté les deux hommes. Le vieillard fondit en larmes. Il venait de découvrir que la fidélité des animaux dépassait celle des hommes. A ce moment là, il décida de devenir l’apprenti de Jil Goulven. Ayant eu son accord, il voulut l’emmener aux Tours d’Elven. Là, il pourrait lui expliquer et lui montrer toutes les gargouilles qu’il avait réalisées.

Pendant qu’ils s’extasiaient, un petit coassement se fit entendre. Une jolie rainette verte voulait attirer leur attention. A sa vue, le vieillard se souvint de son enfance. Il avait grandi près d¹une fontaine, dans la campagne de Tréffléan. Chaque nuit de pleine lune, de son lit, il entendait le concert des grenouilles. Le vieillard prénommé Pierre - Jakez partit dans une rêverie. Son esprit était loin d’Elven et de ses tours, il avait la nostalgie de son village de Cran à Treffléan. Il rêvait, quand tout à coup, Jil Goulven le ramena à la réalité en lui demandant : -« Que faisons - nous ? » Pierre - Jakez qui voulait aider son nouvel ami, lui dit : -« Partons pour le village de mon enfance. Dirigeons-nous vers Cran ». Après une très longue marche, Jil Goulven, son lièvre Filou et Pierre - Jakez arrivèrent au village de Cran. Tout était calme, trop calme pensa Pierre - Jakez. Ils se dirigèrent vers la fontaine et l’admirèrent tellement elle était ravissante. Seules les grenouilles coassaient dans ce silence impressionnant. Jil Goulven aimait ces animaux. Avec délicatesse, il prit une rainette qui semblait différente des autres, il la posa dans sa main, l’ observa, eut envie de la sculpter mais les yeux de cette grenouille l’ hypnotisaient. Qu’avait-elle de différent ? Il la caressa avec tendresse, la grenouille sauta et en tombant, se transforma en jolie princesse. Stupéfaits, Jil Goulven, Pierre - Jakez et Filou restèrent immobiles et émerveillés. Que leur arrivaient-ils ? Reprenant ses esprits Jil Goulven s’ approcha de la magnifique jeune fille et lui demanda : -« Comment vous appelez - vous ? » -« Coa, Coa, Coa » répondit la jolie créature. Jil Goulven et Pierre Jakez sursautèrent et reculèrent d’un pas. Elle avait perdu la parole. Ils prirent la princesse par la main et l’emmenèrent vers la chapelle de Cran. Là, ils réfléchirent. Pierre - Jakez regardait les dessins des fresques et toucha de son doigt le nez de Satan. Oh surprise ! Une porte secrète s’ouvrit et une méchante sorcière en sortit. Il fallait à nouveau s’enfuir. Jil Goulven, sa princesse, son lièvre et son ami coururent à toutes jambes, pour échapper aux foudres de la sorcière qui hurlait : -« Je vous rattraperai, vous deviendrez mes esclaves. » Ils coururent, coururent et arrivèrent devant le moulin de St Nolff. Nos quatre amis étaient épuisés. Ils décidèrent de se reposer dans le moulin de GOURVINEC. Ce lieu semblait idéal car le dimanche, personne n'y travaillait. De plus, le moulin étant situé à la sortie du bourg de St NOLFF, ils ne risquaient pas d'être dérangés. Ils s'installèrent dans une pièce où étaient stockés des sacs de farine, afin d'y dormir confortablement.

C'était compter sans les pouvoirs de la méchante sorcière. En effet, celle-ci était rapide et maligne. Elle était arrivée avant eux et s'était transformée en sac de farine pour ne pas être repérée. La princesse, fatiguée, s'installa sur ce sac. Soudain, elle sentit des tremblements. La sorcière apparut. Effrayés, les quatre compagnons sortirent de la pièce en courant. Ils se dirigèrent vers une fenêtre. Malheureusement celle-ci était située en hauteur, au-dessus de la grande roue du moulin. Ils étaient piégés; la sorcière arrivait en courant. Jil eut une idée et souffla à ses amis : - « Ecartez-vous de la fenêtre au dernier moment ! » Dans son élan, la sorcière, qui n'avait pas vu la fenêtre, continua son chemin, traversa la vitre et tomba sur la roue qui l'entraîna sous l'eau. Ne la voyant plus, tous pensèrent s'en être débarassés. Mais soudain, elle réapparut derrière eux et les attrapa fermement. Jil et ses compagnons furent enfermés.

Malheureux, ils se voyaient tous devenir esclaves de la sorcière à jamais. La princesse éclata en sanglots. Derrière un sac, ils aperçurent un trou où seul un petit animal pouvait passer. Ce trou semblait communiquer avec l'extérieur. Filou s'y faufila puis retrouva la liberté. Comme c'était bon de retrouver le grand air ! Il traversa plusieurs forêts... Il avait une idée en tête : demander de l'aide aux animaux des communes voisines. Il se rendit d'abord à TREFFLEAN, puis ELVEN et TREDION, et termina par MONTERBLANC. Quelques heures plus tard, il revint à la tête d'une armée d'animaux. Ils étaient des centaines à vouloir délivrer leur compagnon de toujours. A la vue de tous ces animaux, la sorcière prit peur et décida d'aller dans le bois d'à côté et de se transformer en gros chêne pour se camoufler. Dès qu'ils arrivèrent au moulin de GOURVINEC, Filou, aidé de quelques copains, alla libérer ses amis. Pendant ce temps, d'autres animaux repérèrent un arbre peu ordinaire. Ils connaissaient très bien la nature : l'odeur des chênes, la couleur des feuilles en cette saison, la forme des arbres... Celui-ci leur paraissait suspect. Les animaux prévinrent Jil de leur découverte. Un cerf s'exclama : -« C'est sûrement cette sorcière qui s'est encore transformée! » Pierre se rappela que le chêne était une bonne matière pour la sculpture. Tout de suite, Jil et Pierre prirent leurs outils et commencèrent à le sculpter. La princesse, aux côtés de Jil, lui rappela le regard de la rainette sur les bords de la fontaine de CRAN. Petit à petit, sur le tronc, apparaissait une grenouille. L'arbre sculpté empêcha définitivement la sorcière de se libérer. Emue, la princesse se remémora alors le jour où elle fut transformée en rainette par la sorcière. C'était à MONTERBLANC, il y a quelques années. Aujourd'hui, elle était joyeuse mais n'avait toujours pas retrouvé la parole. Elle indiqua à ses amis par des gestes que la solution se trouvait peut-être à MONTERBLANC ! Ils se mirent donc en chemin.

Les quatre amis marchèrent longtemps et arrivèrent près d'une fontaine dans un petit village de Monterblanc appelé Mangolérian. Autour de cette fontaine située dans un creux,en pleine campagne,on ne voyait que des buissons et de la verdure. Ils se penchèrent au dessus de l'eau, et, avec surprise, ils aperçurent le reflet d'un homme qu'ils ne connaissaient pas. Stupéfaits, ils se retournèrent et virent un vieil homme,vêtu de blanc avec une grande barbe et un immense chapeau bleu décoré d'étoiles dorées. Le magicien dit : "Voici la princesse qui a perdu la parole. Oui, mais comment le savez-vous?" demanda Jil Il lui répondit : " Je suis un magicien, ce n'est pas pour rien! Je m'appelle Merlin, je suis là pour vous aider. Mais, attention,je n'exaucerai qu'un seul de vos souhaits. Choisissez bien! Après une courte discussion,Jil Goulven demanda à Merlin s'il pouvait rendre la parole à la princesse. Le magicien s'approcha de la jeune fille, lui prit la main et récita une formule magique : "Abracadabra, poil de chamois, retrouve la voix!" Alors, la princesse voulut remercier le vieil homme, et, à sa grande surprise, ce n'étaient plus des "coa, coa," mais des mots doux qui sortaient de sa bouche. Pierre Jakez lui demanda: "Comment t'appelles-tu? Je m'apppelle Anaïs" Pendant ce temps, Jil Goulven s'était mis à l'écart. Il regardait Anaïs avec ses grands yeux bleus pleins de tendresse. Ils remontèrent vers la chapelle et, sur le chemin, Jil demanda à la princesse de l'épouser. Ils décidèrent de faire une grande fête à la chapelle de Mangolérian pour leur mariage. Et ce fut le grand jour. Les mariés arrivèrent dans une jolie calèche tirée par quatre cerfs majestueux. Le mariage fut célébré par Merlin. Filou était le témoin de Jil Goulven et Pierre Jakez celui d'Anaïs. Tous les animaux de la forêt de Lanvas préparèrent une belle surprise. Le concert de grenouilles commença; les lapins tapaient du pied et les cerfs chantaient majestueusement.

Tous les habitants de Trédion ,dont Grégor de Callac et son fils Alan ,assistèrent au mariage. Ils étaient un peu honteux de ce qu'ils avaient fait. Anaïs et Goulven vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants.

Fin

Comment ce conte a t-il été créé?